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dimanche 22 juillet 2012

Un an après ...


Aujourd’hui, en consultant mes e-mails, je reçois des nouvelles du comité national français me narrant le week-end d’intégration UWC à Paris. Je regarde leurs photos, et soudain réalise. Cela fait un an maintenant, un an que j’ai appris la nouvelle, un an que j’ai été choisi pour partir en Chine, au Li Po Chun United World College de Hong Kong.
Après un an, je repense au passé et fait mon introspection. Qui suis-je aujourd’hui ? Ai-je changé ? Ai-je grandi comme tous les jeunes de mon âge ?
J’aurai 18 ans dans 3 jours, je les célèbrerai dans une famille Sénégalaise, celle de mon amie Soukeyna avec qui j’ai vécu une année grâce à UWC. Pas de fantaisie, pas de grande fête, juste un repas que, comme à l’accoutumée, nous partagerons avec ceux qui dans la rue ont faim.
Lors de mon retour en France à la fin de cette année scolaire, il m’a été difficile de dépeindre à mes amis ce que je faisais réellement là-bas. Heureux bénéficiaire d’une bourse conséquente que mon comité avait réussi à trouver, mes camarades pensaient que j’étais simplement dans une école d’élite académiquement.
Ma réponse s’est faite sans attendre.
Vous savez, lorsque vous êtes assis en classe avec un Iranien dont le meilleur ami est Américain, lorsqu’une Palestinienne et une Israélienne marchent main dans la main, lorsque vous apprenez les fondements de la philosophie bouddhiste que vous enseigne un Thaïlandais, lorsque vous êtes témoins de l’amour impossible entre un Indien et une Pakistanaise et lorsque vous vivez des moments similaires chaque jour, alors votre vie change.
Aujourd’hui, je me remet constamment en question, je ne considère plus mes valeurs morales comme universelles, je m’interroge sur la notion de bon et de mauvais avec un esprit ouvert.
Aujourd’hui, je suis devenu un citoyen du monde. Un monde qui ne paraît plus si vaste, un monde qui présente des opportunités fabuleuses, un monde que j’explore au quotidien. UWC m’a offert la possibilité de voir plus loin, de m’imprégner de différentes cultures, d’appréhender différents points de vue.
Mais un jeune comme moi n’aurait jamais dû se retrouver seul français dans une école pareille si loin de chez lui. Mes parents gagnent assez pour nous assurer une vie tout à fait décente, mais absolument pas pour m’envoyer à l’étranger et préparer la suite de mes études dans un autre pays que le mien. Derrière cela, il y a un comité national Français qui travaille de manière acharnée à contacter entreprises et particuliers pour lever des fonds, récolter de quoi changer la vie d’un jeune comme moi, rassembler assez d’argent pour me permettre de vivre ce rêve. Et la raison pour laquelle il n’y aura pas de Français l’année prochaine à Li Po Chun, école comprenant plus de 80 nationalités, est que les donateurs se font bien trop rares. Quand les pays émergents envoient de plus en plus de jeunes dans les 12 collèges du monde uni, de moins en moins de Français, ne pouvant payer, accèdent à cette expérience.J’espère que la tendance s’inversera, qu’un jour chaque école pourra accueillir un Français dans chacune des deux années.
La France est un grand pays, sa culture est rayonnante, son histoire est belle, et je sais que mes camarades la représentent à merveille dans leurs écoles, mais chaque année des élèves de tous pays dans certains UWC apprennent à se connaître et découvrent des cultures et points de vue dont la pensée Française ne fait pas partie, et c’est cela mon plus grand regret.
Je reste optimiste cependant, convaincu qu’un mouvement aux si nobles idéaux continuera de s’étendre bien après mon passage car les gens croiront toujours en la force de l’éducation pour construire un monde en paix et un avenir durable.